menu Menu

Pluviophile

Le récit de mon plus beau jour de pluie.

Le récit de mon plus beau jour de pluie.

Je me souviens du brusque grondement du tonnerre et des éclairs qui déchiraient le ciel partiellement couvert de sombres nuages gorgés d’humidité alors que je dévalais à vélo les côtes des rues du quartier. Il faisait chaud et le soleil perçait l’étendue par l’éclat de ses rayons sur un fond de ciel bleu divisé entre l’obscurité et la luminosité. Soucieuse de l’approche du mauvais temps tout en étant emballée par la quiétude de ma balade d’agrément, j’hésitais entre un dernier tour de piste et le retour à la maison.

Un fond de ciel divisé entre l’obscurité et la luminosité

Sur mon vélo, je me sentais si libre. Libre de mes allées et venues, libre d’user de mon temps comme il me semblait bon. Plus j’accélérais, plus je me sentais comme fusionner avec l’air et le vent qui m’enveloppaient dans leurs courants. Plus mes muscles s’activaient, plus mon esprit, lui, ralentissait pour se laisser imprégner par l’immensité du moment présent. Il n’y avait soudain plus d’obstacles à ma vie compliquée d’adolescente incomprise et mal-aimée. Plus de restrictions parentales, plus de sautes d’humeur hormonales, la vie et la joie envahissaient tout mon être en entier. Le ciel s’assombrissait, et la clarté dominait ce qui m’entourait, ce qui m’habitait.

Invincible ! C’est comme si, tout devenait de l’ordre du possible. Je pouvais, non je devais, braver monts et marrées, surmonter l’adversité, continuer de m’affirmer. Je souhaitais simplement être moi : aimée, non critiquée, ni jugée, ou sanctionnée. Plus vite, j’allais, et la voûte céleste m’acclamait dans une puissante déflagration. Ouiiii !!! Je déboulais la côte pour la énième fois, puis je fus arrosée par les énormes gouttes de pluie qu’amenait l’orage.

La pluie tiède, presque chaude, perlait sur mon visage, sur mon torse, puis sur mes bras et mes mains.

La pluie tiède, presque chaude, perlait sur mon visage, sur mon torse, puis sur mes bras et mes mains. Je souriais. Quelle joie d’être trempée dans ses vêtements d’été et de ne pas être crispée par la froideur de la douche de l’eau de pluie. Je me rappelle m’être dit que c’est ce qui devait se rapprocher de l’expérience d’être baigné par une pluie tropicale telle que relatée par les anecdotes de mes parents. Ça devait être le mélange de l’inconfort des habits alourdis par la pluie et la caresse chaleureuse des averses torrentielles s’abattant sur des êtres assoiffés. J’étais sereine alors que ma cadence ralentissait au rythme de l’orage qui se calmait. Les nuages se dissipaient peu à peu où que j’aille. Il était temps de retourner au bercail… Je rebroussai donc chemin sous un magnifique ciel ensoleillé et rehaussé d’un arc-en-ciel radieux.


Previous Next

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Cancel Laisser un commentaire

keyboard_arrow_up