Partie 1 Combattre, fuir ou figer : continuer, se battre et affronter l’adversité

Il y a plusieurs façons de faire face à la menace perçue ou réelle dans nos vies : en se battant, en fuyant ou en s’immobilisant. Ces comportements de survie sont connus sous la réponse Fight-Flight-Freeze ou Lutte, fuite, inhibition en français. Cette série développée en trois parties abordera l’aspect spirituel et biblique de cette réponse. La première partie qui porte sur l’Éternel, notre Rocher (Tsur) protecteur qui nous exerce au combat, est basée sur le psaume 144, de David.

Introduction de la série : combattre, fuir ou figer 

Face au danger ou à la menace, une décision cruciale s’impose : dois-je me continuer (me battre), vais-je m’arrêter (figer) ou serait-il plus judicieux de rebrousser chemin et de partir (fuir) ? Ces comportements ont fait l’objet de plusieurs recherches en psychologie, notamment dans l’étude de l’anxiété et de la gestion du stress.

La réponse Fight-Flight-Freeze ou Lutte, fuite, inhibition en français, est le système automatique intégré de l’organisme conçu pour nous protéger de la menace ou du danger.

Source : Anxiety Canada

Il en va de même pour les menaces spirituelles et psychologiques, réelles ou perçues : nous avons le choix de lutter, de fuir, ou de ne pas réagir. Dans cette série de trois articles, je vous présenterai des cas où chacune de ses réponses a été adoptée par des personnes de la Bible ainsi que le produit de leurs comportements.

Continuer, se battre et affronter l’adversité

Cet article est sur ma planche de travail bien avant le lancement officiel du journal d’Anathalie à la fête de l’Action de grâce d’octobre 2019. J’ai rédigé une première version dont je n’étais pas satisfaite puis une autre que je n’ai jamais réussi à terminer. Mais depuis la fin de 2021, je sens qu’il faut qu’il aboutisse enfin.

L’un de mes grands défis par rapport à ce sujet c’est la dimension du combat. Même si les confrontations ne m’intimident pas et que je sache faire preuve d’acharnement, je ne me perçois pas comme étant une personne combative, bien au contraire. J’ai longtemps cherché un angle personnel pour aborder le sujet, hélas, rien ne me venait à l’esprit. Puis, un jour où je méditais sur la Parole, je suis tombée sur le texte suivant :

Béni soit l’Éternel, mon Rocher, qui exerce mes mains au combat, mes doigts à la bataille.

Ps 144:1 LSG

Ce qui a retenu mon attention dans ce verset c’est l’attribut de l’Éternel « Mon Rocher ». Pour quelle raison David avait-il choisi « mon Rocher » plutôt que « mon Maitre » qui exerce mes mains au combat ? Ou « mon précepteur » qui exerce mes mains au combat ? Ou encore « Tsebayoth », « “L’Éternel des armées” qui exerce mes mains au combat, mes doigts à la bataille ? »

Cet attribut m’a interpellé parce que lorsqu’on me demande ce que représente Dieu pour moi, je réponds sans hésiter qu’il est mon Rocher : il est mon appui indéfectible, mon refuge dans les tempêtes. Pourtant, selon David, ce Rocher est aussi Celui qui nous apprend les rudiments de la guerre.

L’Éternel, mon Rocher, exerce mes mains au combat

Au cours de sa vie, David a dû mener plusieurs combats pour défendre sa vie ainsi que le peuple que l’Éternel lui avait confié. Bien que rien dans sa jeunesse ne semblait indiquer qu’il serait destiné aux arts de la guerre, David devint l’un des plus grands guerriers d’Israël. Ses prouesses lui ont d’ailleurs valu la jalousie de Saul, l’un de ses plus redoutables adversaires. Au début du psaume 144, David nous confie que c’est l’Éternel son Rocher qui l’exerce au combat. Nous verrons plus loin comment le Rocher de David l’entraîne à se battre. Tout d’abord, voyons comment David aborde la question des combats.

Quelles sont les attitudes de David face au combat ?

Le psaume 144 nous révèle six attitudes de David face au combat :

1. De prudence : Rechercher la protection de Dieu v. 1-2
2. D’humilité : Reconnaître son infériorité par rapport à Dieu v. 3-4
3. La crainte : Se tourner vers Dieu pour le salut v. 5-6
4. De foi : S’appuyer sur Dieu pour le salut v. 7-8, 11
5. D’adorateur : Louer Dieu pour ses hauts faits v. 9-10
6. De gratitude et de reconnaissance : Reconnaître les bienfaits et les bénédictions du peuple de Dieu v. 12-15

Face à l’adversité, sa première tactique militaire est la défense. David trouve refuge en Dieu, son Rocher protecteur. Il fait preuve d’humilité en reconnaissant que sans son Rocher, il est peu de chose. C’est avec crainte et émerveillement qu’il implore Dieu de se manifester puissamment contre ses adversaires. Rempli de confiance en Dieu, il présente des supplications pour son salut et pour celui de son peuple. Dans la détresse, il adopte un cœur d’adorateur et continue de louer Dieu. Pour finir, il fait preuve de reconnaissance et de gratitude envers Dieu en déclarant les bienfaits et les bénédictions qui sont la part des serviteurs de l’Éternel, le Rocher.

Qui est le Rocher de David ?

D’où vient l’attribut de « Rocher » dont David fait mention dans son poème ? En effectuant une étude du mot « Rocher (Tsur) » dans l’Ancien Testament, on voit qu’il apparaît pour la première fois dans le récit du rocher d’Horeb à Massa et Mériba dans le livre de l’Exode au chapitre 17. Au verset 6, Dieu ordonne à Moïse de frapper sur le rocher afin d’en faire jaillir de l’eau pour que le peuple puisse se désaltérer. Cette première occurrence est importante, car c’est à cet endroit que Dieu s’est révélé à Moïse, Aaron et au peuple comme étant Adonaï Tsur ou Tsuri, l’Éternel le Rocher ou mon Rocher. En effet, le cantique de Moïse en Deutéronome 32 présente l’Éternel comme étant le Rocher protecteur, le Rocher qui sauve son peuple : juste, droit, fidèle, stable (Dt 32:4), il pourvoit dans les lieux arides (Dt 32:13-14), et Il donne la vie (Dt 32:18). Plus encore, l’apôtre Paul nous enseigne dans la première épitre aux Corinthiens que Jésus est le Rocher auquel les Israélites se sont abreuvés dans le désert d’une eau spirituelle (1Co10:4).

Dieu s’est donc révélé à son peuple comme le Rocher : un fondement inébranlable, qui sauve, protège et désaltère ses serviteurs au milieu de la détresse. David l’avait bien compris. Le Rocher qu’il invoque dans le psaume 144 est donc non seulement celui qui le protège au jour du combat, mais il est aussi celui auquel il s’abreuve pour reprendre des forces. Par ailleurs, la traduction anglaise King James remplace « rocher » par « force » au verset 1 ce qui reflète la force dont le psalmiste tire auprès du Rocher.

Comment l’Éternel, notre Rocher, nous exerce-t-il au combat ?

L’Éternel est le Rocher qui protège son peuple en lui redonnant des forces. La Parole nous dit que ce Rocher pourvoit en miel et en eau dans les lieux arides. Il nous défend aussi en faisant preuve de justice, en tenant lieu d’abris et en combattant pour nous. C’est en se révélant à nous qu’Il nous enseigne l’art de la guerre comme Il l’a fait pour David. C’est pour cette raison qu’il peut proclamer « Bénis soit l’Éternel mon Rocher qui exerce mes mains au combat, mes doigts à la bataille. » Ainsi, notre Rocher nous entraîne au combat toutes les fois où nous nous tournons vers lui avec confiance. C’est à cette occasion qu’Il nous fortifie, Il nous nourrit et qu’Il travaille notre foi et notre persévérance afin que nous puissions résister aux attaques de l’ennemi. En somme, c’est en nous soumettant à Lui, à l’exemple de David dans le psaume 144, que nous devenons de meilleurs guerriers.

L’Éternel, notre Rocher combattra pour nous

De plus, comme David le mentionne dans les versets 5 et 6 du psaume 144, dans les combats, nous devons reconnaître que c’est Dieu qui combattra pour nous. Un bon modèle se trouve dans le livre de Néhémie, lors de la reconstruction des murs de Jérusalem. Les chapitres 3 et 4 témoignent de l’opposition qui s’est dressé contre Néhémie et les Juifs qui travaillaient à reconstruire la muraille. Néhémie réalise que son équipe et lui sont en désavantage numérique à cause de l’étendue de l’espace à défendre et leur nombre. Il ordonne aux travailleurs de se rassembler au même point au son du cor et de faire de confiance à Dieu en déclarant : (…) Notre Dieu combattra pour nous (Ne 4:14).

Faire preuve de vigilance : poursuivre la mission en état d’alerte

Le texte nous dit que :

¹¹ Ceux qui étaient occupés à rebâtir la muraille et ceux qui portaient ou chargeaient les fardeaux travaillaient d’une main et tenaient une arme de l’autre. ¹² Chacun des bâtisseurs avait son épée attachée à sa hanche. C’est ainsi qu’ils bâtissaient. (…) ¹⁵ C’est ainsi que, chaque jour, nous poursuivions notre entreprise, la moitié d’entre nous tenant la lance à la main depuis l’aurore jusqu’à l’apparition des étoiles. (…) ¹⁷ Ni moi, ni mes proches, ni mes collaborateurs, ni les gardes de mon escorte, nous ne quittions nos vêtements, chacun gardait ses armes à portée de main.

Ne 4:11-12 ; 15 ; 17 BDS

Je voulais attirer votre attention sur ce fait : « Les constructeurs travaillaient d’une main et tenaient la lance de l’autre main. » L’équipe de Néhémie poursuivait donc la mission dans des conditions de stress et d’alerte extrême. Sans broncher, les travailleurs maintenaient la cadence tout en étant vigilants et prêts à combattre l’adversaire sachant que leur assurance est en Dieu. Ce récit nous enseigne deux choses importantes :

1. Souvent, nous devons poursuivre la mission et continuer à bâtir même en cas de pression et de difficultés extrêmes. Parfois nous sommes appelés à travailler, veiller ET à nous battre dans la même saison de façon simultanée.
2. C’est l’Éternel, le Rocher protecteur qui combat pour nous pendant que nous avons les deux mains occupées et que nous sommes en infériorité numérique.

Ce récit fait écho à celui de Gédéon et les 300 soldats qui se sont opposés aux Madianites (Jg 7:15-23). « De la main gauche, ils brandirent les torches, et de la droite ils tenaient les cors pour en sonner, et ils crièrent : “À vos épées, pour l’Éternel et pour Gédéon !” » (Jg 7:20). Pourtant, leurs deux mains étaient occupées avec la torche et le cor. Les soldats furent probablement tentés de déposer le cor ou la torche afin d’agripper leurs épées. Toutefois, ils choisirent d’un commun accord de faire confiance à leur arme secrète. C’est l’épée de l’Éternel qui assura la victoire contre les Madianites qui ne revinrent plus jamais sur leur territoire.

Mes combats

Le récit de Gédéon résonne beaucoup avec mon histoire personnelle. Lorsque Dieu appela Gédéon à défendre son peuple contre les Madianites, Gédéon refusa. Il ne se croyait pas à la hauteur. En effet, les études sur la réponse Fight-Flight-Freeze démontrent qu’on aura plus tendance à se battre lorsqu’on se sent apte et capable de remporter le combat. Ainsi, si on a le sentiment de ne pas être suffisamment outillés pour affronter la menace, on aura tendance à fuir.

Au début de l’article, j’ai partagé avoir eu de la difficulté à rédiger ce texte parce que je n’arrivais pas à me souvenir d’un combat que j’ai mené et vaincu par moi-même. Je souffrais d’un profond sentiment d’imposture, car je ne me considère pas comme une personne combative ou capable de prouesse comme David. À l’image de Gédéon, je me considère souvent comme étant bien peu de chose. Pourtant, Dieu m’a ouvert les yeux sur toutes les victoires qu’Il a remportées dans ma vie pour moi. Alors que j’avais les deux mains occupées, c’est Lui qui brandissait l’épée à ma place dans ma vie professionnelle, académique, personnelle, dans les combats spirituels, pour ma santé psychologique, etc.

Je reconnais que les talents que Dieu m’a octroyés m’ont permis d’accéder à la réussite plus d’une fois. Toutefois, je suis consciente que là où mes capacités terminent, c’est toujours Dieu qui m’a conduite sur le rocher que je ne pouvais atteindre (Ps 61:2). Puis il me dit : « Va avec cette force que tu as » (Jg 6:14).

De plus, le récit de Néhémie me touche particulièrement, car c’est un peu l’histoire de ma vie : travailler, veiller et lutter, travaillant d’une main et tenant la lance de l’autre main. À ce sujet, Nicky Gumbel dira que la vie est une succession de combats et de bénédictions et même que nous pouvons vivre simultanément de grandes bénédictions dans des saisons de combats fulgurants. Dans tous les cas, nous pouvons compter sur notre Rocher protecteur qui nous sauve et nous fortifie.

Récapitulatif de la première partie et contexte d’application des combats

Dans cet article nous avons vu que

1. face à la menace nous devons choisir de nous battre, de fuir ou de s’immobiliser. Cette partie portait sur la réponse de se battre.
2. Lorsque vient le temps de combattre, c’est l’Éternel, notre Rocher, qui exerce nos mains aux combats. Il nous entraîne en se révélant à nous, en façonnant notre confiance envers Lui et en nous assurant du salut.
3. Face aux combats, nous devrions faire preuve de prudence, d’humilité, de crainte, de foi, d’adoration, de soumission, de gratitude et de confiance envers Dieu.
4. Jésus Christ est le Rocher spirituel qui nous sauve, nous fortifie et nous désaltère dans les lieux arides.
5. L’Éternel est notre Rocher protecteur qui nous défend en faisant preuve de justice, en tenant lieu d’abris et en combattant pour nous.
6. Même en état d’extrême alerte, nous devons continuer de travailler, veiller et combattre en étant assurés que c’est Dieu qui nous accordera la victoire.
7. Lorsque tout semble être contre nous, Dieu combattra pour nous

Je vous exhorte à mettre en application ces principes dans les combats environnementaux, physiques, psychologiques et spirituels que vous aurez à affronter tout au long de votre vie. Pour plus de ressources sur les combats et les épreuves, lisez les articles Apprendre à souffrir sainement, Les épreuves: doit-on accepter la souffrance? et les parties 1 et 2 de Combattre la déprime ou contrer les idées noires sur le blogue. Des outils téléchargeables gratuitement sont aussi disponibles sur la page Onguents du journal.